jeudi 26 septembre 2013

Terms of endearment (James L.Brooks, 1982)

Les années 80 furent souvent cruelles pour les actrices hollywoodiennes. Il fallait la sensualité insensée de Barbara Hershey pour faire oublier le scandale capillaire qui lui tient lieu de coiffure dans Hannah et ses soeurs et si Cronenberg a fait mouche dans The fly, on n'en dira pas autant du merlan de Geena Davis.
Dans Terms of endearment, Debra Winger est en permanence attifée comme l'as de pique, coiffée avec un rateau et maquillée à minima. Et c'est justement cette absence d'artifices qui fait qu'on craque pour son personnage d'Emma Horton. Naturelle, spontanée, fantasque, elle est épatante dans ce rôle de  trentenaire désorientée, qui, coincée entre un mari absent, une mère abusive et des enfants exigeants, veut simplement vivre. Dans une très chouette séquence au restaurant (assez bas de gamme au vu du client derrière elle s'échinant sur le ketchup), Emma écoute Sam, son futur amant, lui raconter ses déboires conjugaux (sa femme refuse de faire l'amour car elle souffre des lombaires). Son empathie amusée, l'affection qu'elle éprouve pour ce grand dadais aux mains moites sont admirablement rendues. Le film est ce qu'il est, une modeste chronique familiale, plombée par une musique envahissante et une issue terriblement lacrymale mais, de Parenthood à About Schmidt en passant par Fried green tomatoes, le rédacteur de cette notice avoue ne pas bouder son plaisir à la contemplation de cette amérique middle class et provinciale. Surtout quand, comme ici, le trait vise juste.


dimanche 15 septembre 2013

Speed (Jan de Bont, 1994)

Deux plans m'ont frappé dans l'"hypertrophié" * Speed de Jan de Bont. Ce ne sont ni le saut dans le vide du bus explosif (qui, et c'est fort risible, se cabre tel Tornado avant de franchir l'obstacle) ni la rencontre incandescente entre le bus vide et l'avion cargo de la Pacific Courier Freight. Non, le premier se situe au début du film lorsque Jack(Keanu Reeves) et Harry (Jeff Daniells) s'emploient à évacuer les 13 occupants d'une cage d'ascenseur sur le point de s'écraser au sol. Les femmes ayant la priorité et en particulier celles qui disposent d'une belle plastique, les deux policiers anti-terroristes ne traînent pas à empoigner à pleines mains les charmantes otages. Dans sa précipitation (bien compréhensible, le câble retenant la cabine étant en train de lâcher), Jack relève subrepticement la robe d'une des jeunes femmes et laisse entrevoir son charmant postérieur à peine couvert d'une fine culotte. Dans le commentaire audio, Jan de Bont parle d' "Happy accident". Une surprise inattendue dans ce film qui en ménage finalement assez peu, au moins dans son casting (Reeves mortellement ennuyeux comme toujours(la comparaison avec le Bruce Willis de Die Hard où même le Mel Gibson de Lethal Weapon est cruelle), Sandra Bullock, minaudante comme toujours et Dennis Hopper sauvant parfois les meubles mais pas toujours).
Autre "happy accident", le plan où Jack rattrape le bus pris dans un embouteillage afin d'alerter le chauffeur. Jack frappe dans la vitre qui se fissure instantanément. Là non plus, le script n'avait rien prévu de tel mais le plan en plongée de Jack hurlant au chauffeur de le laisser entrer est évidemment rendu plus saisissant  par la présence des éclats sur la vitre. Jack montre là à la fois sa détermination et sa force musculaire. Des muscles, du tonus, ce film n'en manque certes pas. Mais guère d'ambigüités et guère d'émotions.

* : Pour reprendre la terminologie de Jocelyn Manchec