mercredi 25 janvier 2012

Dead Ringers (David Cronenberg, 1988)


David Cronenberg, cinéaste des apparences trompeuses, des faux-semblants (rarement titre traduit a vu aussi juste).
Un plan ambigu, à l'image des deux jumeaux Mantle. Est-ce un rideau cachant un lit nuptial ou un voilage isolant un patient dans une chambre d'hôpital ? Le maître canadien n'offre pas de réponse définitive. Beverly Mantle est certes alité suite à une surdose médicamenteuse mais son frère, Elliott, se tient à son chevet comme un amant auprès de sa maîtresse. Tout comme une partie de la pièce demeure dans la pénombre, Cronie reste dans l'équivoque. Vrais gynécologues d'avant-garde ou jumeaux régréssifs (les instruments dessinés par Beverly évoquent les premiers temps de l'obstétrique) obsédés par les organes mutants ? L'ombre déformée des barreaux du lit d'hôpital prennent une forme cauchemardesque à l'image des visions de Bev', assailli par le spectre d'une relation siamoise avec Elly. Au début du film, tout semble réussir aux deux frères. Les récompenses pleuvent sur leurs découvertes mais l'une de leurs patientes, Claire Niveau (quel nom, aussi perturbant que Bianca O'Blivion (Videodrome) ou Dan Keloid (Rage)!) en démasquant l'immaturité affective de la fratrie sera l'élément perturbateur qui fera vaciller le fragile équilibre psychique d'Elliott et de Beverly.
Film de sortie du genre pour Cronie mais sans doute encore trop perturbant pour les dizaines d'acteurs américains ayant refusé le rôle des jumeaux. La vision de Genevève Bujold (dont nous pleurerons éternellement la cinématographie rachitique) déchirant à pleine dent, telle une moderne succube l'abdomen commun des jumeaux "siamoisés" dans le rêve de Beverly, montre assez que Cronenberg avec Dead Ringers n'abdiquait en rien la radicalité de son inspiration.