samedi 23 juillet 2011

Rabid (David Cronenberg, 1977)

Amusant clin d'oeil de David Cronenberg au mitan de son second film commercial, Rabid. Rose se promène dans les rues de Montréal lorsqu' apparaît sur sa droite une affiche de Carrie de Brian de Palma avec Sissy Spacek. Au départ, la texane rouquine avait été envisagée pour incarner l'insatiable suceuse de sang mais la production n'était pas chaude (son accent plus encore que ses tâches de rousseur joua contre elle). Ivan Reitman suggéra alors Marylin Chambers qui, à l'époque, n'avait pas encore tourné de films non pornographiques. Cronenberg, qui n'avait pas vu Behind the green door, était ravi à l'idée d'utiliser une actrice à la fois parfaite "girl next door" (n'avait-elle pas été l'égérie de Procter&Gamble pour la campagne Ivory snow) et en même temps peut-être pas 99 and 44/100 % pure comme le suggérait la publicité pour le fameux savon. Chambers s'avéra être un excellent choix même si Spacek devait entretemps devenir la reine du film d'horreur grâce à sa performance de Queen prom malgré elle. Dans un film terriblement froid (la façade en briques grisâtres de la clinique de chirurgie esthétique, les arbres dépouillés de feuille, la musique d'Ivan Reitman) où chacun des personnages semble désincarné ( Hart, le petit ami de Rose ne s'exprime que par onomatopées, le chirurgien insiste pour ne parler que de thérapie), elle apporte à son rôle une vitalité morbide, si tant est qu'on puisse utiliser cet oxymore, absolument épatante. Le martyre que Cronenberg fait subir à sa chair (d'une toute autre nature évidemment que celui subi dans BTGD) fait naître des visions qui pour être terrifiantes n'en sont pas moins parfaitement fascinantes. Difficile par exemple de ne pas succomber au trouble engendré par la vision d'un énorme dard phallique surgissant dessous l'aisselle gauche de Marylin Chambers.
Le plan ci-dessus va d'ailleurs sans doute au delà du clin d'oeil pour cinéphiles, associant au corps en mutation de Rose sans cesse agité de spasmes sanguinaires le corps déréglé de Carrie saisi frénétiquement de pulsions meurtrières.

2 commentaires:

  1. Comme il est plaisant de vous voir (enfin ?) écrire sur ce genre de cinéma, mon vieux et éclairé collègue !

    (m.)

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  2. Et, comme vous le savez, ce n'est qu'un début !

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