vendredi 1 avril 2011

Sommaren med Monika (Ingmar Bergman, 1952)


Et si, en lui offrant sa Palme des Palmes en 1997, le jury du Festival de Cannes n'avait pas prodigué à Ingmar Bergman le fameux baiser qui tue ? Celui qui fut un des cinéastes les plus loués de son vivant par ses pairs (il me semble d'ailleurs qu'Antoine Doinel vole une photo de Monika dans Les 400 coups) n'est plus aujourd'hui qu'une référence culturelle lointaine, qu'on cite au passage mais dont on se garde bien de voir ou revoir les films, moi le premier. Il a été trop encensé , trop révéré pour ne pas encourir post mortem le purgatoire dévolu aux idoles d'hier. Le purgatoire serait mérité si son style avait irrémédiablement vieilli mais tel n'est absolument pas le cas. Du moins de Monika, le premier d'une série de Bergman que je promets de découvrir ou de redécouvrir.
Ce qui frappe le plus après tant d'années passées loin du suédois, c'est le soin extrême porté à la composition de chaque cadre même si cela frise parfois l'ostentation. On est tenté de mettre chaque plan en mode pause (d'autant que la photo de Gunnar Fischer est un régal !) et on n'est pas près d'oublier l'arrivée sur l'île de nos deux robinsons, entre rochers hospitaliers et ciels éblouissants. Mais la part la plus sidérante de son génie, Bergman l'a réservé au personnage de Monika, incarné par Harriet Anderssonn.

Tour à tour exaltée, égoïste, inconséquente, sensuelle (les justement célèbres plans dénudés sur l'ïle d'Ornö), révoltée mais plus que tout infiniment libre. Libre même d'adresser à la caméra l'un des regards les plus inoubliables de toute l'histoire du cinéma, mélange d'insolence (semblant dire au spectateur : "t'es qui, toi, pour me juger?"), de tristesse (une histoire se termine) et d'impudeur (renforcé par l'insistance du close-up).

2 commentaires:

  1. Nous en parlions il y a peu, oui, de l'écho bergmanien s'étiolant. Le temps fait préférer d'autres jalons, tenus pour plus vivaces et toujours actuels (Ford, Hawks, Welles, Antonioni, par exemple) et Ingmar est un peu naphtalinisé dans le musée depuis... lointainement respecté mais peu éprouvé (pareil pour Kurosawa ?).
    Le cliché (mensonger) de son austérité ennuyeuse, véhiculée par des humoristes (ou des blogeurs !) sans grande expérience de son cinéma n'ont pas aidé à réactualiser son importance non plus.

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  2. Rien d'austère, ni d'ennuyeux dans Monika mais hélas, vous avez raison de le souligner, les clichés ont la peau dure !

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