lundi 4 avril 2011

Corps à coeur (Paul Vecchiali, 1979)

Un électrophone dans un appartement modeste à Bicêtre. Le disque sur la platine, c'est le Requiem de Fauré par André Cluytens. La musique qui monte dans la pièce, c'est le Sanctus. Sur le plan suivant, après un léger panoramique, on voit un homme(Nicolas Silberg) , la trentaine, effondré parce que la femme qu'il aime, Jeanne (Hélène Surgère, disparue il y a une semaine) se refuse à lui. Ce qu'il y a d'incroyablement fort dans cette séquence, c'est la contradiction entre la musique qui évoque une "délivrance heureuse", un dialogue serein entre vivants et défunts et la passion aliénante que vit le garagiste pour la pharmacienne. Contradiction qui est au cœur même du projet du film; oscillant entre réalisme poétique (toutes les scènes dans la ruelle, pas mes préférées) et mélodrame flamboyant (l'escapade en Provence et la fin, où l'Amour côtoie la mort à la manière d'un opéra (admirable!)), Corps à cœur bouscule les codes du cinéma romanesque et même du cinéma tout court en multipliant les inserts (Jeanne apparaît en permanence à Pierre au point de l'aveugler) et les faux raccords (accompagnant le vertige des deux amants). Film d'amour fou, de la soif d'absolu à la déchéance, Corps à cœur est un antidote imparable aux fades histoires sentimentales qui très souvent encombrent les écrans et qui, elles, se terminent toujours bien !
Et aussi, quasi synchrone, cet avis éclairé !

2 commentaires:

  1. Ca alors, c'est peu dire qu'on ne vous attendait pas là.
    Malgré les réductrices apparences, dans vos enthousiasmes vous êtes décidément moins prévisible que nous autres (y compris pour moi qui vous connaît un peu) !

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  2. intéressant, j'ai justement vu ce film hier soir.
    je découvre les films Diagonale en ce moment. Pour l'instant, je ne suis pas très convaincu même si tous ces gens me sont fort sympathiques.

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